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BRUXELLES - Un mouvement de solidarité avec les Algériens qui se battaient pour leur indépendance a été créé en Belgique pendant la guerre de libération par des Belges, partageant les convictions morales et politiques de ceux qui luttaient contre le colonialisme, mais leurs actions restent, pour la plupart non révélées à ce jour.


De nombreux militants belges anticolonialistes se sont engagés, en effet, durant cette guerre particulièrement cruelle, aux côtés des Algériens auxquels ils ont apporté une aide sur plusieurs fronts: politique, médiatique, humanitaire, médical et judiciaire.
Tout au long de cette guerre de libération, ces militants belges ont aidé le Front de libération nationale (FLN) à transporter et distribuer des documents, à rassembler et transmettre les cotisations, voire des armes.
Ils ont surtout aidé à faire passer la frontière à des centaines de militants algériens pourchassés en France et leur trouver un asile en Belgique, ainsi que défendre les détenus devant les tribunaux belges et français.
"En France, les combattants algériens sont considérés comme des terroristes et risquent la guillotine, en Belgique ils font l’objet de dénonciations, et les services de police des deux pays coopèrent étroitement", écrit la journaliste belge Colette Braeckman dans son carnet "Le Front du Nord: des Belges dans la guerre d'Algérie".

Si les militants français s'étaient organisés au sein du "réseau Jeanson" pour soutenir le FLN en France, les Belges ont créé un "comité pour la paix en Algérie" et un collectif d’avocats. Lorsque ce réseau français de "porteurs de valises" a été démantelé en février 1960, les Belges ont pris le relais pour mettre sur pied d'autres réseaux d’exfiltration de détenus algériens.
Ces militants belges ont, surtout "ouvert leurs portes: les Jacmain, Louis et Irénée, des anciens de la Résistance (belge contre l'occupation allemande), proposent leur maison à Uccle (dans la région de Bruxelles) à des étudiants membres de l’Union générale des étudiants algériens (UGEMA)", a fait savoir Colette Braeckman, précisant qu'"en six ans, plus de cent responsables et militants algériens, en plus des membres du réseau de soutien français seront ainsi accueillis discrètement et transportés  au-delà de la frontière" belge.
"A plusieurs reprises l’écrivain Kateb Yacine logera discrètement à Uccle", a-t-elle soutenu.
Henriette Moureaux, épouse de Serge Moureaux, responsable du collectif des avocats du FLN, se souvient qu’à l’époque, son époux et elle accueillaient souvent des militants algériens dans leur appartement de Bruxelles.
"Pour plus de sécurité et de discrétion, mon mari a hébergé un jour une délégation de hauts responsables du FLN dans la maison de son père dans les Ardennes", a-t-elle confié, soulignant, toutefois, que son beau père, un ministre du gouvernement belge à l'époque, ignorait tout de l'engagement de son fils en faveur de la cause algérienne.

-Un réseau d’une grande efficacité d’action-

Engagée dans la lutte clandestine aux côtes des militants algériens, Suzy Rosendor, porteur de valise, était chargée de transporter l'archive du FLN d'un pays à l'autre.
"J'étais en relation directe avec les responsables de la fédération de France du FLN, notamment avec Omar Boudaoud", a affirmé cette militante qui a failli, un jour, se faire prendre à la frontière allemande alors qu'elle transportait des documents du FLN de Belgique à Cologne (Allemagne).
Mais, sa plus grande fierté reste sa participation à l'organisation du référendum d'autodétermination le 1er juillet 1962, à Charleroi (Belgique).
"De nombreuses femmes ont participé à l'organisation de ce référendum pour l'indépendance. Ce jour était, non seulement, celui de la libération de l'Algérie, mais c'était aussi, pour elles, celui de la libération de la femme", a-t-elle confié.
Très discret, le responsable du réseau Jeanson en Belgique, le défunt Luc-Axel Somerhausen ne parlait pratiquement pas de ses activités menées en solidarité avec les Algériens qui se battaient pour leur indépendance, raconte aujourd’hui son épouse Anne Chotteau Somerhausen.
"Mon mari était un anticolonialiste convaincu. Il s’était engagé en faveur de l’indépendance de l’Algérie par ce que pour lui la cause du peuple algérien était juste", a-t-elle affirmé, soutenant que son défunt mari était prédisposé à mener un tel combat.
"C’était tout naturel chez lui", a-t-elle ajouté, soulignant que la famille de son mari était ouverte à ce genre d’engagements.
Elle a fait savoir, à ce titre, que son beau père "n’hésitait pas à prêter sa voiture à son fils qui l’utilisait pour transporter les militants et activistes algériens".
Le défunt Jacques Nagels, qui témoignait lors d'une conférence organisée par l'association "Les amitiés belgo-algériennes" en 2012 (vidéo disponible sur Youtube), a affirmé que le bombardement du village tunisien de Sakiet Sidi Youcef à la frontière avec l'Algérie par l'aviation française en février 1958 et le livre "La Question" d'Henri Alleg dans lequel il dénonçait la torture de civils pendant la guerre d'Algérie, lui ont fait prendre conscience de la gravité de la situation pour s'engager aux côtés des nationalistes algériens.
Chargé de passer en France des exemplaires du "Manifeste des 121", un appel qui prône l'indépendance de l'Algérie, signé par de nombreux intellectuels français dont Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir, Jacques Nagels a été arrêté aux frontières françaises et condamné à cinq mois de prison.
"En prison, j'ai rencontré des dizaines de combattants algériens et j'étais appelé à assumer plusieurs fonctions dont celle d'aide-comptable ou de scribe", a-t-il ajouté.
Feu Marc De Kock qui a participé également à la conférence organisée par l’association "Les amitiés belgo-algériennes" en 2012, a affirmé que la priorité du collectif des avocats constitué en Belgique et dont il faisait partie, était d'éviter l'extradition des Algériens arrêtés.
"La police belge avait coutume de les remettre entre les mains des Français, sans aucun procès. C'était de l'extradition déguisée, et cela se faisait régulièrement", a-t-il fait savoir, soulignant, néanmoins que beaucoup de militants algériens s'étaient réfugiés en Belgique. 
"Même s'ils n'obtenaient pas le statut de réfugié -le ministre belge de la Justice de l'époque ne souhaitant pas s'attirer les foudres du gouvernement français- les Algériens bénéficiaient de permis de séjours provisoire et de travail et ils n'étaient pas inquiétés", a-t-il assuré.

-APS

Dernière modification le samedi, 28 octobre 2017

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