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- *Source: RSF

Reporters sans frontières (RSF) s’est associée à huit autres organisations de défense des libertés pour exprimer sa profonde inquiétude sur le risque que les gouvernements profitent de la pandémie du COVID-19 pour porter atteinte aux droits fondamentaux et à la libre circulation des informations. Le projet de loi examiné en Hongrie est un pas supplémentaire vers une répression totale. Or, le rôle de chien de garde des médias est aujourd’hui, plus que jamais, essentiel pour protéger l’information.


 Ursula Von der Leyen, Présidente de la Commission européenne     
Charles Michel, Président du Conseil européen
David Sassoli, Président du Parlement européen 

Le 25 mars 2020,
 
Cher.è.s Président.e.s de la Commission européenne, du Conseil européen et du Parlement européen,
Nous, organisations de défense de la liberté de la presse et de la liberté d’expression soussignées, vous écrivons pour vous faire part de nos profondes inquiétudes face aux risques que des gouvernements profitent de la pandémie du Covid-19 pour punir des médias indépendants et restreindre l’accès de certains journalistes aux décideurs politiques.
  La libre circulation d’une information indépendante est plus que jamais primordiale, tant pour informer le public sur les mesures vitales à prendre pour endiguer le virus que pour maintenir le contrôle et le débat public sur la nécessité de ces mesures.
A cet égard, nous soutenons la déclaration commune des trois rapporteurs spéciaux pour la liberté d’expression, David Kaye (ONU), Harlem Désir (OSCE) et Edison Lanza (OEA), selon laquelle « le droit à la liberté d’expression, […], s’applique à tous, partout, et ne peut faire l’objet que de restrictions limitées. »
Nous sommes conscients que certaines mesures sont essentielles pour lutter contre la pandémie. Néanmoins, elles doivent être proportionnées, strictement limitées dans le temps, soumises à un examen régulier, et avoir comme seul objectif la résolution de la crise sanitaire actuelle. Malheureusement, de nombreux gouvernements outrepassent les règles et utilisent la pandémie pour revendiquer des pouvoirs excessifs qui risquent d’affaiblir les institutions démocratiques et les médias indépendants de leurs pays. Si nous n’agissons pas immédiatement afin de les freiner, ces développements dangereux pourraient s’installer durablement, bien au-delà de la crise sanitaire que nous traversons.
Cette semaine, le gouvernement hongrois a demandé une prolongation indéfinie de l’état d’urgence et le pouvoir d’imposer des peines allant jusqu’à cinq ans de prison pour ceux qui diffuseraient des fausses informations susceptibles de contrecarrer l’action du gouvernement dans la lutte contre l’épidémie de COVID-19.
Nos organisations ont pleinement conscience des dangers de la désinformation et de son utilisation par des individus qui tentent de semer la panique et la division. Toutefois, cela ne justifie pas les mesures draconiennes qui risquent d’être utilisées contre des journalistes dont le travail est essentiel pour garantir la responsabilité des Etats en matière sanitaire.
Il n’est guère surprenant que la Hongrie, pourfendeuse de la liberté de la presse, soit le premier Etat membre de l’Union européenne à profiter de la crise pour tenter un coup de force. Les quelques médias indépendants qui subsistent dans le pays sont, depuis le début de l’épidémie, régulièrement attaqués et accusés de diffuser des « fausses nouvelles » au motif qu'ils s'interrogent sur l'état de préparation et la stratégie du gouvernement pour contenir le virus. Si elle est approuvée, cette nouvelle loi accordera au gouvernement hongrois un outil bien commode pour menacer les journalistes et les intimider pour faire en sorte qu'ils s’autocensurent. Nous craignons qu’il s’agisse d’un pas de plus vers une répression totale de la liberté des médias en Hongrie, qui pourrait se prolonger bien après la pandémie.
  Si cette loi était adoptée, elle créerait un précédent très inquiétant pour les autres États membres de l’Union européenne qui pourraient être tentés de suivre l’exemple hongrois – des signes préoccupants existent également dans d’autres pays – et porterait un préjudice sans commune mesure aux droits fondamentaux et à la démocratie, tout en nuisant aux efforts déployés pour mettre fin à la crise sanitaire.
Qui plus est, nos organisations sont également préoccupées par la prolifération des mesures de surveillance renforcée mises en place pour contrôler la propagation du virus.  Le recours à la surveillance ne doit avoir lieu que dans des cas spécifiques et être limité uniquement et clairement à la lutte contre la pandémie. Une surveillance non contrôlée met gravement en danger la vie privée et la protection des données des citoyens, tandis qu’elle constitue aussi une menace pour la protection des sources des journalistes et peut entraîner une hausse de l'autocensure.
  Nous nous inquiétons également de l’accès des médias aux responsables gouvernementaux, aux décideurs, aux experts médicaux et aux personnes en première ligne de l’épidémie, notamment avec la mise en place de restrictions à la liberté de circulation. En effet, de nombreux gouvernements ont limité l’accès des journalistes aux conférences de presse. C’est le cas de la Slovénie et de la République Tchèque qui ont annoncé que la présence physique des journalistes ne serait plus autorisée. La lutte contre la pandémie ne peut devenir un prétexte pour empêcher le contrôle des médias sur le gouvernement.
Alors que nous sommes aux premiers stades de la pandémie, les gouvernements et les médias coopèrent étroitement dans la plupart des cas pour lutter contre cette menace sans précédent pour la santé publique et veiller à ce que le public soit pleinement informé et à ce que la réponse à l’urgence sanitaire soit la plus efficace possible.
Nous savons cependant qu’à mesure que la crise s’installera, que le nombre de décès augmentera et que les pertes d’emplois généralisées participeront à une récession mondiale, les actions et les décisions des gouvernements seront scrutées et que certains d'entre eux tenteront d'abuser de nouveaux pouvoirs d'urgence afin d'étouffer les critiques. Nous ne pouvons pas laisser faire.
A un moment où les droits de nos citoyens sont suspendus partout en Europe, le rôle de chien de garde des médias pour s’assurer qu’il n’y a pas d’abus de ces nouveaux pouvoirs est plus que jamais essentiel.
Nous vous demandons donc d’utiliser le pouvoir de vos fonctions pour veiller à ce que les droits fondamentaux de l’homme et la liberté de la presse soient garantis, au moment même où toute l’Union européenne lutte contre la pandémie du COVID-19.
  Nous vous demandons notamment :
-   de vous opposer fermement aux mesures actuellement examinées par le Parlement hongrois et d’affirmer clairement que l’Union européenne n’acceptera pas l’application d’une législation d’urgence qui porte atteinte aux droits fondamentaux et aux libertés des médias,
-   d’exiger que les gouvernements garantissent aux professionnels des médias un accès complet aux décideurs politiques et aux acteurs en première ligne de la crise sanitaire ainsi qu’au fonctionnement général du gouvernement,
-   de déclarer que le journalisme et la libre circulation de l’information sont indispensables aux efforts de l’Europe pour endiguer l’épidémie de COVID-19.
En vous remerciant de l’attention que vous porterez à notre demande, nous vous prions d’agréer, Madame et Messieurs les Président.e.s, l’expression de notre très haute considération.


- Reporters sans frontières (RSF)
- ARTICLE 19
- Association européenne des journalistes (AEJ)
- Centre européen pour la liberté de la presse et des médias (ECPMF)
- Fédération européenne des journalistes (EFJ)
- Free Press Unlimited (FPU)
- Index on Censorship
- Fédération internationale des journalistes (IFJ)
- Institut international de la presse (IPI)

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Dernière modification le lundi, 30 mars 2020

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